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Nepthys Baal

En bref

Cité-Etat : Calmlivr
PC : 1
PA : 0
Parent Divin : Tarphambia
Magie : Adrénaline mortuaire

Avant que l'orage n'éclate
Deïphobos
C'était une de ces journées où quoi qu'il tente, le soleil n'arrivait pas à percer l'épaisseur des nuages gris qui couvraient le ciel donnant l'impression que les dieux fondateurs se livraient un duel effrayant. La lourdeur accompagnant cette atmosphère chargée rendait tout moite, vraiment une sensation qui te dégoûte. Tout semble te coller, même ce que tu ne touchais pas, tu écartes une énième fois le tissu pourtant léger de ta longue toge noire accroché à ta cuisse en poussant un soupir d'agacement. Quelques gouttes d'une fine sueur perlaient sur ta lèvre supérieure, tes doigts graciles se démenant avec un fil de suture récalcitrant.

- Que Chandra m'en soit témoin, je vais finir par tout brûler si cette suture n'est pas parfaite.

Tu relèves la tête en laissant un long râle s'échapper de ta gorge après avoir noué le nœud final. Tu jettes ton aiguille et ton fil dans le petit bol en métal avant d'y verser un peu d'alcool et d'y mettre le feu. Tu regardes les flammes stériliser tes instruments de la manière la plus pure qu'il soit avant de reposer tes yeux sur le cadavre dont tu venais de t'occuper.

- Pas idée de mourir un jour d'une telle chaleur, vivement que les orages explosent, je ne sais pas pour toi, mais ça me fait toujours frissonner.

Tu te penches sur le jeune homme allongé là, passant tes doigts dans ses cheveux, un léger sourire aux bords des lèvres.

- M'enfin, tu ne frissonneras plus toi, ta famille va bientôt venir te chercher.

Tu t'étires avant de quitter la salle d'autopsie, traversant les longs couloirs pour retourner à l'accueil des pompes funèbres où tu y retrouves ta tante occupée sans doute à refaire les comptes pour la sixième fois de la journée. La vieille n'avait que ça à foutre, épouse du frère de ton père, elle ne pigeait rien à la beauté de votre métier et était clairement plus intéressée par l'héritage familial que par le reste. Toujours fardée comme si elle était elle-même une défunte, elle s'occupait de l'accueil des familles et sait à la perfection vendre n'importe quel service même le plus inutile à coup de poudre aux yeux et bouche en cœur. Tu ne peux pas te la voir, avec son sourire hypocrite qu'elle ne garde pas que pour les clients, elle vous sert le même en famille depuis qu'elle est arrivée. Entre vous, le dégoût est partagé mais comme tout le monde chez les Baal, elle se contente de te caresser dans le sens du poil.

- Tante Noûr, le jeune homme de la trois est prêt, tu peux prévenir les proches si tu veux, mais rapidement, avec cette chaleur je ne garantis pas sa fraîcheur bien longtemps. Je prends une petite pause, je suis juste devant si tu me cherches.

Tu es la seule aux pompes aujourd'hui, ta famille est actuellement en réunion dont tu ne peux pas encore faire partie sans ton diplôme. Tu sais faire une autopsie basique et les soins mortuaires seule, c'est pourquoi ils se sont permis de te laisser faire le « moins intéressant » le temps de leur absence. Tu files te mettre à l'ombre des arcades, ta pipe en main, comptant bien t'octroyer un petit quart d'heure loin des effluves de putréfaction.

-

C'est là que tout s'est accéléré. Les yeux demi-clos, tu sombrais doucement dans l'entre deux mondes quand des cris sont venus te tirer de ta torpeur. On criait ton prénom, tu reconnaissais à la voix le fils d'un voisin et du bout de la rue tu voyais bien une foule avancer à une vitesse folle vers chez vous.

- Non mais qu'est-ce que c'est que ce bordel Iah ?

Le jeune homme essoufflé peinait à articuler pour t'expliquer clairement la situation.

- Trois morts, un blessé, ces fous se sont aventurés à la frontière interdite et on dit qu'ils y ont rencontré Tasil. J'ai couru le plus vite possible pour te prévenir, il faut s'en occuper rapidement. Pour le survivant, j'ai pensé qu'il serait plus sûr de te l'amener aussi le temps que des médecins arrivent.

- T'as bien fait Iah, je vais avoir besoin de toi, va exposer à Noûr ce que tu viens de me dire, demande lui de prévenir la famille et d'installer les deux premiers corps dans la salle 1, le deuxième dans la 4 et le blessé dans la 2 et surtout gère moi la foule de curieux, je ne veux pas qu'on vienne nous déranger.

Derrière ton air sûr de toi et concentré, tes dix-sept ans se font sentir et tu sens tes jambes fébriles. Des situations pareilles arrivent rarement, enfin même jamais. Quel dingue irait fouiller sur les frontières interdites à part un suicidaire, c'est du bon sens pourtant de ne pas foutre un pied là-bas. Tu ne peux t'empêcher d'imaginer l'état des corps, ce qu'il devait en rester surtout. Ton grand-père, tes oncles et tantes se feraient un plaisir de s'en occuper mais ils ne seraient de retour que dans quelques heures, juste assez pour que tu puisses faire les premières observations. Tu n'as jamais culpabilisé du détachement dont tu fais preuve face à tout ça, parfois un peu de l'excitation que tu ressens quand on t'annonce un cas particulier mais ça n'a jamais duré bien longtemps.

Evitant soigneusement de repasser par l'entrée principale tu te faufiles par la porte donnant sur la réserve, en profitant pour t'asperger le visage d'eau et de te laver les mains. Ta robe flottant tel un linceul noir derrière toi, tu traverses les couloirs en respirant calmement, essayant de calmer l'adrénaline qui fait t'emballer ton cœur, tes veines se gonflant déjà de ce sang que tu as ébène.
Tu pousses le rideau de la salle numéro 2 où allongé inerte repose le corps meurtri d'un jeune homme de ton âge entouré de quelques femmes qui s'affairent à retirer les lambeaux de vêtements qui restent accrochés à ses plaies alors que déjà gisent au sol le reste d'une potentielle armure. Il y a toujours quelque chose d'étrange à voir un vivant même à moitié mort, couché sur une table d'autopsie, tu espères au fond de toi ne pas devoir fermer ses paupières pour toujours.

- Il vous faut nettoyer ses plaies premièrement, j'espère que des médecins ont été appelés, j'ai de quoi préparer quelques onguents pour éviter que ça s'infecte mais je ne suis pas assez équipé pour les vivants ici. Mais lavez vous les mains malheureuse ! Tu lances un regard outré à une brune aux yeux verts. S'il meurt d'une infection je vous maudis sur plusieurs générations et je ne rigole pas.

La souffrance était inscrite sur le visage du garçon autant que la foudre marquera son corps. Il vivait, son souffle était court mais il vivait. Alors tu as pilonné, broyé, mélangé, les plantes que tu avais sous la main, tant pis pour les stocks, tu voyais déjà ta tante friser l'infarctus mais vous deviez tout tenter pour sauver le malheureux. Chaque parcelle de sa peau a été inspectée, nettoyée, apaisée, bandée. Déposant un linge frais sur son front, tu murmurais à son oreille doucement.

- Bats-toi, pour ceux qui sont tombés.

Les médecins arrivés, comme toujours des lustres après qu'on les ait appelés, tu es partie rapidement t'occuper de ceux qu'on ne pouvait plus sauver. Les irréductibles inconscients rappelés à Tarphambia pour avoir défié l'autorité divine. La première salle était occupée par deux femmes, de ton âge également.Tu te permets de faire ce commentaire réservé aux anciens, mais quelle jeunesse imprudente. A jouer avec le vent, on récolte ce que l'on sème. L'une d'elles a succombé à des blessures semblables à celle du survivant mais l'autre a clairement été transpercé de part en part. Elle n'avait aucune chance de survie, la lance a dû perforer tellement d'organes vitaux que la pauvre a dû s'étouffer en avalant son propre sang. Ses longs cheveux roux tombaient comme une cascade de feu autour de son visage déformé par la douleur. Elle était magnifique. Tu te permets de venir fermer leurs paupières définitivement à l'aide des petits bouts de bois que tu viens glisser entre l'oeil et la paupière permettant à cette dernière d'accrocher aux petites aspérités taillées dessus. Très doucement tu redonnes à leur expression torturée un peu plus de sérénité avant que la rigidité cadavérique fige dans l'éternité leur atroce vérité. Tu sais que les vieux voudront s'en occuper, des victimes de Tasil ça amorce tellement de questionnements et de constats que tu ne serais pas à même de gérer maintenant. Tu te diriges tout de même vers le troisième et dernier corps où avec les mêmes gestes précis tu reproduis les mêmes soins mais tu sens la curiosité gronder dans ton ventre. Ton silence intérieur perturbé par cette envie de savoir, de ressentir.

Dehors, le calme est tombé, il n'y a plus que le soleil qui se veut couchant, posant sur cette journée le voile d'une nuit de deuil. Tu sais que le reste des Baal ne vont pas tarder à rentrer et tu sais aussi qu'ils t'interdiraient de faire ce que tu t'apprêtes à faire, par peur de la violence du choc. Le silence de mort juste ponctué de ta respiration allongée t'aide à trouver le calme nécessaire pour utiliser Clairvoyance. Les mains juste au-dessus des joues du jeune mort, tu sais que le prochain contact va te faire revivre ses derniers moments, la dernière douleur qu'il a ressenti. Les causes de sa mort sont connues mais tu as besoin de savoir, pour le survivant. Quand ta peau rentre en contact avec celle du défunt, tes yeux explosent ainsi que chaque parcelle de ta peau.

On entendra ton cri de douleur dans tout le quartier, on dira plus tard que les oiseaux ont cessé de chanter et chaque personne l'ayant entendu s'en retrouve le sang glacé.

C'est ainsi que tu t'es retrouvé au chevet de l'homme qui a survécu appelé Deiphobos, attendant que ses yeux se rouvrent, les tiens ne cessant de pleurer, encore injectés de ce noir propre au sort que tu as utilisé. Cela faisait maintenant deux jours que tu n'avais pas bougé, personne n'osait te déranger. De manière indéfectible, tu te sentais lié à lui.

- Réveille-toi, je serai là, je sais le feu qui court sous ta peau, mais je suis là, on l'apaisera.
© Laueee

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